Dressage

hj : le cheval de la comtesse de Vladivostok

J'entre aux écuries de bonne heure, et je suis le premier. La nuit a été bien courte, et je baille sans retenue devant le programme qui m'attend : longer encore et toujours ce pauvre Belphégor qui est doux comme un agneau mais que sa propriétaire a peur de monter. Cette femme, cette comtesse de Vladivostok, est une plaie : elle veut paraître et c'est tout. Le reste, eh bien c'est le boulot des autres, ses sous-fifres. Et les chevaux n'échappent pas à cette règle.
Je longe les box jusqu'à celui qui m'intéresse. Belphégor se précipite, dans l'espoir de sortir.

-Non, mon vieux. Ce coup-ci encore, c'est tours de manège. Mais je vais essayer de convaincre ta propriétaire...

Un plan est en train de germer dans mon esprit encore embué et je mets le licol et la longe au cheval pour le panser. C'est une bête magnifique.

- Hey l'ami

Je pénétrais dans l'écurie au moment où Stas parlait avec le cheval de la Comtesse de Vladivostok. A vrai dire, tous les matins, j'arrive à me lever et je ne sais même pas comment c'est possible. Cette nuit encore j'ai quitté le bar de Denis à une heure extrêmement avancée et je suis rentré chez moi pour finir ma nuit.

- Bon, on organise la journée ou tu fais un tour de manège avant?

S'il commence par faire un tour, je vais aller rapidement préparer un café. Ca nous fera du bien pour commencer la journée.

Je me retourne en entendant la voix de mon acolyte:

-Salut Dimitri. Tu es rentré encore plus tard que moi, cette nuit. Je ne sais pas comment tu fais pour être tous les matins à l'heure!

Je secoue ensuite la tête:

-Je vais d'abord longer Belphégor et ensuite on verra comment on s'organise. J'avais dans l'idée qu'on pourrait entraîner deux ou trois nouveaux chevaux destinés à l'armée et qu'ensuite on pourrait faire une ballade en forêt. On va voir, on fera le tour des écuries et on décidera ensuite!

Je laisse Dimitri et me dirige vers le manège. Je lui hurle, depuis le rond de longe:

-C'est un vrai gâchis, ce cheval...

J'entre dans les écuries, accompagné de trois soldats qui tiennent trois jeunes chevaux par la bride. Je cherche le patron, et tombe sur le patron bis, Dimitri Pavlov. Je connais très bien les deux hommes qui s'occupent des chevaux du palais et les apprécie beaucoup. Nous nous retrouvons parfois au bar, pour boire ensemble.

-Dimitri! Stas est occupé? Je vous amène trois chevaux de guerre, qu'il faudrait dresser. Tu sais où je peux les installer? Tiens, brieffe les soldats. Puisque je suis là, je vais voir Kirill.

Je passe voir Kirill tous les jours, il n'y a que moi qui m'occupe de lui et même de son box. C'est un étalon ombrageux qui a déjà éborgné plusieurs palefreniers. Je le panse, fais son box et le harnache. Laissant les soldats avec Dimitri, je monte sur le dos de mon cheval et lance, avant de partir vers la forêt:

-Je pars en ballade. Vous trois êtes aux ordres et à la disposition de Dimitri.

Pendant que Stas fait travailler le cheval de la Comtesse de Vladivostok, Ermolai, le chef de l'armée russe arrive et met trois hommes à ma disposition.

- Oui, Stas entraine le cheval de la Comtesse de Vladivostok.

Une fois Ermolai parti avec Kirill, je vais voir les trois soldats restés près des chevaux.

- Bon, vous trois, vous les emmener dans les box pour commencer. Faites attention à ne pas tout détruire aussi.

Je ne connais ces énergumènes que trop bien. L'autre fois, ils avaient détruit un box, alors aujourd'hui, j'aimerais tout autant que ce ne soit pas le cas, que je n'ai pas à refaire un box dans son intégralité. Je n'en ai pas vraiment l'envie. Je les regarde et affolé je rajoute.

- Bon, on va y aller un par un les gars. Toi là, tu viens avec moi.

Le soldat avance vers moi.

- Non mais viens avec ton cheval. Tu es là pour les chevaux, pas pour moi.

La suite se déroule sans trop de soucis à part la bêtise de deux des trois soldats.

- Bon, c'est bon, je ne vais rien vous demander d'autres, alors vous pouvez partir.

Lorsque nous entrons dans le manège, je lâche mon cheval. Il part en coups de cul sur toute la longueur et repart dans l'autre sens, de la même manière. Ce n'est pas une vie, pour un cheval, de rester enfermé vingt-trois heures sur vingt-quatre... Quand il a fini de se défouler, je rattache la longe et commence le travail. C'est dingue ce qu'un cheval peut être bonne pâte : moi, si on me demandait de marcher, trotter et galoper en rond tous les jours, avec pour seul horizon le mur du manège, je me révolterais. Lui, il est à l'écoute, et même si c'est la routine la plus ennuyeuse, il execute mes ordres à la seconde où je les lui donne.

-Au pas. C'est bien.

Trois tours de pas, un changement de main plus tard, nous passons au trot, puis au galop. C'est un vrai gâchis de laisser ce cheval en manège... La séance finie, je ramène Belphégor à l'aire de pansage et remarque que les trois chevaux de l'armée sont arrivés:

-Dimitri? Ermolai est passé à ce que je vois!

Je panse Bucéphale, et le remets, avec un soupir éloquent, dans son box.

-C'est une honte de garder ce cheval enfermé ici toute la journée... Bon, voyons voir nos nouvelles recrues: je prends l'alezan. Choisis le tien et Dimitri, et hop, direction manège. On va voir ce qu'ils ont dans le ventre.

Stas revient et j'ai eu le temps de boire un coup pour me réveiller. Du café bien évidemment, jamais d'alcool à l'écurie.

- Oui Ermolai est passé avec trois militaires qui ont failli tout détruire. Tu sais, comme la dernière fois, quand j'avais du reconstruire la moitié de l'écurie. Enfin, là, cette fois j'ai évité le massacre et je les ai congédié aussi vite que possible. Il faudra que je le dise à Ermolai, qu'ils n'aient pas de soucis.

Je prends un des deux chevaux restants. Sans faire trop attention, après tout, il faudra bien les entrainer tous les trois alors peu importe lequel je prends maintenant et lequel je prendrai la prochaine fois. Je ne fais en général pas de distinction quand il s'agit des chevaux de l'armée.

- Bon allez, au manège. Qu'est-ce que tu fous, je t'attends là.

Je plaisante évidemment, Stas est toujours prêt avant moi mais peu importe. Au moins, ici, on a le droit à l'humour.

Je souris à la bonne blague:

-Qu'est-ce que je fous? Je t'attends, comme toujours. Si madame la princesse est prête, alors le manège nous attend. Que dirais-tu de monter dessus directement, sans passer par la longe? Après tout, ces chevaux devront être calmes en toute occasion, alors autant les habituer dès à présent. On les commence au pas et au trot, puis on fait quelques tours de galop pour voir comment ils se comportent. Et je pense que pour aujourd'hui, avec ces deux-là, on s'en tiendra à ça. Demain on pourra les sortir s'ils réagissent bien. Allez mon grand, en route! Je parle au cheval.

Nous entamons au pas, et bonne surprise, mon cheval se met sur la main imméditement. Il a déjà un bon dressage. Mais il est assez regardant, et il a un problème de nervosité, ce qui est impensable pour un cheval de l'armée. Il faudra travailler la dessus...

-Comment ça va avec le tien? Le mien est assez nerveux, c'est son seul problème, je crois. Il faudra les tester aussi à l'obstacle.